Le petit monde des vélocipèdes regroupe un nombre incalculable de styles de voyageurs. En voici quelques exemples croisés sur les routes sud-américaines. 


-         Le racer.

Lui a la course dans le sang. Il roule en général sur des vélos ultra légers, typés vtt ou route, avec le minimum de bagages, parfois même sans tente ou matériel de cuisine. Il est habillé de la tête aux pieds en cuissard-maillot moulant, qui affiche fièrement les marques du milieu deux-roues (FDJ, Movistar, AG2R). Ses distances journalières sont bien au-dessus de la moyenne, jusqu’à 100km en tout terrain, et 150 sur route. C’est un animal difficile à apercevoir, trop rapide pour être rattrapé, et qui n’a pas le temps de s’arrêter quand il croise d’autres cyclos sur sa route. Il a déjà avalé toutes les routes de montagne de son pays et des pays voisins, ce pour quoi il s’exporte.


-         Le bohême

Quand il est français, il est souvent drômois. Bâtons du diable à cheval sur les sacoches arrière, il jongle au feu rouge pour se payer le menu du midi au marché. Sinon, c’est une guitare ou un ukulélé qu’il transporte. Cheveux longs, matériel et bicyclette hors d’âge, il a déjà fait trois le tour du monde avec ton budget pour 6 mois. Si tu es short financièrement et que tu as besoin de bons plans, c’est vers lui que tu tourneras.


-         L’argentin

L´argentin, on l’aime ! C’est le roi du bidouillage, il doit même être à l’origine de cette pratique. Son chargement est toujours loufoque, ses sacoches arrières découpées dans des bidons en PVC ou des bâches de camions, celle du guidon dans une glacière. Quand il parle tu lui fais répéter trois fois chaque mot, c’est ça de remplacer les ‘y’ par des ‘ch’. Avec lui tu savoureras ou recracheras un maté surpuissant à longueur de journée.


-         Le ‘tourer’

Le tourer a passé des mois voire des années à suivre des blogs de cyclo-voyageurs, à lire des livres d’aventures et à regarder les films de Solidream (« Trois ans d’aventure et d’amitié autour du monde »). A force de baver devant son écran, il a fini par acheter la roll’s des vélos tour du monde, assorti d’un ensemble de sacoches Ortlieb Waterproof de la même couleur (souvent rouges). Toujours impeccable sur son vélo, lui aussi a fait trois fois le tour du monde, sur internet.


-         Le solitaire

Le solitaire comme son nom l’indique voyage tout seul, et revendique chaudement son indépendance. N’ayant pas réussi à convaincre sa copine (qui déteste le vélo) ou ses potes (qui avaient piscine), il réfutera passionnément le très connu « happiness is only real when shared ». Surchargé car seul pour porter sa carapace, il est au choix avide de compagnie et de gens pour écouter ses histoires, ou fuit le monde occidental pour aller à la rencontre des autochtones, avec qui le rapport est favorisé.


-         Le puriste

10km à bord d’un bus ? Cheating ! 2h dans un train ? Cheating ! Pour le puriste, avancer d’un kilomètre sans le vélo est criminel. S’il doit vraiment monter à l’arrière d’un pick-up (comprenez coincé au milieu du désert à 100km du prochain village avec sa jante pliée en deux), il retournera sur place le lendemain afin de rouler la partie sur laquelle il a triché. Souvent militant écologiste, il a traversé l’Atlantique à la voile et prône le voyage zéro carbone.



Et nous dans tout ça ?

Nul besoin de préciser que nous aimons tous les types de cyclo-voyageurs, qu’on s’impressionne de voir des gens voyager avec 8 euros de budget quotidien, qu’on aime que le vélo soit justement un moyen de déplacement pour toutes les bourses, qu’on aimerait avoir les jambes du racer et l’équipement du tourer, bref toutes les rencontres sont riches, tout comme la communauté des voyageurs à vélo !